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Libre pensée | Photo © David Noir

Libre pensée

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Libre semence

On n’empêche pas les gens de penser ce qu’ils pensent. Tel est pourtant le choix de la moralisation de surface.

En incitant à refouler des pensées dénoncées comme « mauvaises » on ne fait que consolider l’hypocrisie sociale et risquer de retirer beaucoup de liberté d’expression par porosité et assimilations hasardeuses, dans d’autres domaines tels que les arts, la dérision, l’humour. En bref la poésie sous toutes ses formes, jusqu’aux plus triviales et enfantines, absolument nécessaires à certaines intelligences. L’être humain est un tout complexe, pas une binarité de surface. C’est un biotope en soi dans lequel, tout comme dans la nature qui nous environne, toute modification irréfléchie ou de convenance, entraine son lot de conséquences. Pas plus qu’il n’existe d’animaux nuisibles par essence il n’y a de « mauvais » sentiments. Tout est affaire de proportions et d’ apprivoisement de sa propre sauvagerie. Ma haine à moi, elle me parle plutôt d’aventures intérieures que de destructions massives. Il serait incohérent et dangereusement inefficace de ne voir en moi-même que l’agneau que je ne suis pas.

L’efficacité de la condamnation de l’expression de pensées considérées comme néfastes est un leurre. Un acte homophobe, sexiste ou raciste doit être jugé comme un délit ou un crime selon la gravité et réprimé à hauteur de cette importance. L’expression d’une pensée, elle, sera toujours pour moi de l’ordre de la liberté personnelle et je répugne à ce qu’elle puisse tomber sous le coup d’une quelconque loi, y compris lorsque celle-ci est censée me protéger.

On ne peut que ronger son frein de ce que l’on estime être la bêtise des autres, mais c’est comme ça.

C’est l’unique garantie que toutes les opinions aient droit de cité, quand bien même cela peut faire mal où je pense.

C’est l’unique garantie de ne pas faire sombrer l’humanité dans une bien-pensance universelle, aussi utile à changer les mentalités et combattre la violence que le sable accumulé, paraît-il, autour de la tête d’une autruche.

Notre cerveau a besoin de bien de contradictions et de paradoxes pour s’élaborer et affiner son fonctionnement. Nos pires imaginations sont aussi utiles que les autres pour rêver et concevoir. La réflexion et le champ artistique sont les voies que l’on emprunte d’ordinaire pour faire vibrer nos incohérences en une musique soudainement plus audible.

Vouloir convaincre, même avec la plus louable des motivations, s’apparentera toujours davantage à de la publicité, voire à de la politique, plutôt qu’à de la création. Savoir s’amuser et rire de tout restera éternellement l’apanage de l’individu libre autant qu’il est possible de l’être.

L’éducation, même populaire, est une tyrannie comme une autre. Dans quelques cas, plus bienveillante ou plus sincère qu’une autre, mais toujours un pouvoir qui cherche à s’ériger.

Le désir de s’éduquer, dans toute son ampleur pronominale, en revanche est inaliénable. Il peut faire passer par nombre d’erreurs, mais il est en définitive plus propice au façonnage d’un tempérament sensible mais stable et à une meilleure connaissance de soi. L’empirisme mène parfois à des impasses mais fait toujours engranger du savoir dans sa chair.

S’occuper de ses fesses est un travail d’utilité publique.

Je ne quête pas le commentaire. Je ne cherche ni le débat, ni la discussion et encore moins la discorde. Je témoigne simplement d’un endroit apparemment difficile d’écoute aux dur.es de la feuille, tout spécialement quand cela les concerne.

David Noir

David Noir, performeur, acteur, auteur, metteur en scène, chanteur, plasticien, vidéaste, bricoleur sonore, enseignant... trimbale sa nudité polymorphe et son enfance costumée sous le regard et aux oreilles de qui veut voir et entendre.

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