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Meat too © David Noir

Meat too

L’amour des mères n’est pas si bon et parfois même il sent le poisson

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R :       REQUIN

Maman me guette depuis la plage,

Mais moi, je vois les requins qui nagent,

Ça fait des bouillonnements de sang,

Autour de moi et loin devant,

J’voudrais soudain pas être seul,

Pas seul pour affronter le squale,

Qui remonte le courant dans mon corps,

Qui m’arrache les membres et qui mord,

Dans ma confiance d’enfant perdu,

Maman regarde pas assez son cul,

Moi j’ préférerais qu’elle s’y connaisse,

Pour pouvoir lui parler de mes fesses,

Mais ma mère s’inquiète trop pour moi,

Elle veut voir si je nage loin de papa,

Et papa regarde les morceaux,

De son cœur d’antan et de son cerveau,

Flotter comme des bouées de secours,

Le rouge c’est la couleur de l’amour,

C’est aussi devenu celui de la mer,

Ça teinte le cœur des solitaires,

Bien sûr moi, je devrais me défendre,

En me protégeant dans un scaphandre,

Mais mon requin, il a la clef,

Le marin Cousteau lui a donné,

Au cours d’une interview sanglante,

C’est ma télé qui me tourmente,

Alors je deviens un vrai mordu de la terreur issue des films,

Où le plastique aurait des dents,

Et puis je donne mon âme à l’écran,

Pour qu’elle s’abîme dans l’océan,

Sans ça, je flotte comme du liège,

Comme ce garçon en bois, qui ment,

Gepetto m’a fait des manèges,

Des jouets d’artistes, des déguisements,

J’ai pas perdu mon alphabet,

J’ai pas vendu mon âme au cirque,

j’ai été un élève bien doué

Pour ressentir le vent de panique,

Quand l’aileron de ma mort me croise,

Il me fait « Salut, tu sens la toise,

Qui te donne tes 1m70,

Compare ma gueule et prend la fuite »,

Alors c’est bien pour ça que je fuis,

Ton corps d’enfant qui m’attendrit,

Quand tu me fais l’aumône de ton sexe,

Tout ramolli par mes caresses,

Je veux être à l’abri du grand blanc,

Contre ton joli corps de fille,

Mais j’ veux pas voir tes sentiments,

Tes lames d’amour tranchant qui brillent,

L’amour des mères c’est pas si bon,

Et parfois même ça sent le poisson,

Pourri au fond des cales d’un cœur,

Qui ne sait pas jouir de son malheur, de son malheur,

Moi ma maman s’appelle Josy,

Mais son vrai petit nom c’est Jaws,

C’est assez bien choisi,

Quand on sait ce qu’elle ose,

Ma maman s’inquiète trop pour moi,

Elle partage pas avec papa,

À qui se rongera mieux les sangs,

D’angoisse mortelle pour son enfant,

Ça m’a fait un bon équilibre,

Que je pourrai tester en vacances,

Le jour où je me sentirai libre,

De regarder à la dépense,

Le jour où je ferai l’économie,

Des dernières années de ma vie,

Le jour où je ne sacrifierai plus,

Mon corps vivant à son salut,

L’amour des mères n’est pas si bon,

Et parfois même il sent le poisson,

Pourri au fond des cales d’un cœur,

Qui ne sait pas jouir de son malheur, de son malheur.

 

David Noir | Les Puritains

Texte, musique, voix, réalisation © David Noir 2018
Durée : 1'59

Il m’arrive de reprendre parfois ce texte au cabaret, coiffé d’un casque de centurion, dans le cadre du Secret

"Chair de ma chair", "t'es à croquer"... amour et dévoration. Et le corps des filles et le corps des garçons, viande ou poisson ?

David Noir

David Noir, performeur, acteur, auteur, metteur en scène, chanteur, plasticien, vidéaste, bricoleur sonore, enseignant... trimbale sa nudité polymorphe et son enfance costumée sous le regard et aux oreilles de qui veut voir et entendre.

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