Quand le minimum syndical créatif met en relief la misère des gros moyens
Vu Jan Fabre
Prometheus-Landscape II au Théâtre de la Ville
Après un texte et une interprétation très prometteuse en ouverture, par une comédienne magnifique et droite, posant les questions essentielles à la sauvegarde de notre humanité : « où est donc ce héros qui nous sauvera, qui est-il, comment le désirons-nous ? », les réponses succédant à l’ouverture du rideau sont plus que décevantes.
Charivari débridé éternellement vu, grosses ficelles (d’ailleurs bien au centre du plateau) du contemporain qui se contente de peu depuis qu’il a compris que tout était permis et que le public se réjouissait complaisamment de bonnes blagues. Le dérisoire est ainsi supposé contraster avec de somptueux moyens.
Il n’y aura jamais assez de moyens scéniques pour combler le creux d’un propos
Ici, on se permet trop peu au regard de la liberté, des moyens, du temps et du lieu dont on dispose.
Du cheap de la part d’un certainement très bon artiste qui ne s’est pas assez foulé. Trop faible exigence des institutions qui payent à la source ; perversion d’un système qu’on connaît déjà.
Alors évidemment, c’est sûrement mieux que beaucoup de choses que l’on peut voir sur les scènes de prestige, mais ça n’est pas assez. Évidemment, ça va certainement faire les beaux jours du In à venir, mais on s’en fout.
Une image du chaos des plus puériles, qui insulterait presque l’imaginaire des auteurs d’heroic fantasy et des meilleurs jeux vidéo.
On a vu ce Prométhée torturé et musclé cent fois et on attend plus subtil qu’une bête narration linéaire pour succéder à la stimulante introduction. Comme a dit parait-il Godard à la sortie de Titanic, « pas assez de moyens » pour le somptueux et la tragédie que ça veut décrire.
Si on fait dans la grosse machine, il faut savoir être plus généreux en termes de richesse d’idées. Ça satisfera les moins exigeants et malheureusement nombre d’autres, qui savent voir, mais ont tristement renoncé à en demander plus à cause du marasme ambiant, pour se rallier à la cause du minimum syndical créatif toujours mieux que rien, pas vrai ?