Fabrication et installation du décor en feuilles d'aluminium par Any Tingay
et maquette des Camps de l'Amor

"Les Camps de l'Amor" de David Noir au Générateur | Fabrication et installation du décor d'aluminium par Any Tingay | Photo © David Noir

Un décor d’argent s’élevant et se gonflant comme les vagues d’une mer ouverte

Durant quinze jours de résidence, les dizaines de mètres de feuilles d’aluminium collées entre elles une à une et renforcées par du scotch ont été assemblées en deux immenses pans destinés à flotter entre les murs du Générateur.

C’est mon amie et collaboratrice Any (Tingay), habituellement comédienne et chanteuse dans mes productions, mais aussi depuis toujours, aide précieuse à mes réalisations plastiques, qui a courageusement et méticuleusement effectué ce travail colossal pour, à mes yeux, un résultat enthousiasmant et irréel.

Je souhaitais en effet figurer une sorte de mer rouge miroitante, animée par une dizaine de gros ventilateurs disposés tout au long des deux gigantesque pans formant le gué destiné à être traversé par le public. Et tel fut le cas.

Sous une lumière bleutée, les presque 400 m2 de surface d’aluminium ont frissonné sans discontinuer dans une bruissement étonnant durant les 5 soirées de performance données au Générateur, puis à nouveau durant 5 soirs dans la distillerie d’Anis Gras à Arcueil.

Jour après jour, Any n’a eu de cesse de réparer patiemment les déchirures ponctuelles de cet étrange ventre métallique palpitant, tout à la fois infiniment délicat et étrangement résistant.

Des centaines de micro-perforations se formant sous l’effet de l’air gonflant ces voiles fragiles laissèrent peu à peu filtrer de minuscules rais de clarté venues des deux sas latéraux créés à l’intérieur des vagues pour y accueillir, d’un côté une salle de cinéma dans laquelle était diffusé « So Sade » en double projection simultanée, de l’autre un espace de concert dans lequel Christophe (Imbs) jouait et créait sa musique sans s’interrompre durant les 5 heures que durèrent chaque performance. Sans aucune intervention de ma part, l’ensemble paraissait on ne peut plus vivant.

Au milieu de cette installation au dimension du Générateur le public déambulait et choisissait l’ordre de sa visite et de ses centres d’intérêt au rythme de mes apparitions incessantes sous divers costumes et identités impulsivement bâties dans l’instant.

Any et moi hissons les murs de vagues de la mer d'aluminium sous l'objectif de Bernard Bousquet