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Disparition extrême

Clément Méric, 18 ans

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Violence Extrême

Toujours l’éternelle goutte d’eau dans l’océan

J’ai une heure devant moi pour écrire ce post.

Peu importe, je m’y mets. J’ai lu les nouvelles relatant le décès ce matin de Clément Méric, étudiant à Sciences Po et également militant d’extrême gauche, battu à mort hier soir par des fascistes dans ma ville ; à quelques respirations à peine, dans un quartier que je traverse régulièrement depuis mon adolescence.

J’ai comme tout un chacun et toute une chacune, autre chose à faire. J’ai du travail à accomplir ; j’ai à me reposer du travail accompli. Mais j’écris ce quelques lignes pourtant bien impropres à changer quoique ce soit à la bêtise assassine qui habite certains de mes congénères, parce qu’il faut bien s’interrompre une heure ; parce que ça s’est passé hier alors que nous étions toutes et tous ailleurs, occupé.es ailleurs. Parce que ça s’est passé dans ma ville. Parce que ça se passe encore et toujours, à l’instant, partout. Parce qu’il n’y a pas un endroit au monde où ça ne se passe pas ; où ça ne s’est pas passé ; où ça ne se passera pas. Parce que ça me rend malade, de tristesse, de peur, de dégoût, de haine et de violence. Parce que j’en ai la nausée, de leur violence. Oui de la leur, qui n’est pas la mienne. Je n’aime ni la récupération, ni les bons sentiments d’usage, mais il faut cesser de dire ou laisser dire que tout se vaut ; que ça arrive aussi à gauche, que tous les extrêmes sont les mêmes. C’est faux, archi-faux, néfaste, dangereux. L’extrême droite xénophobe, homophobe, ultra violente, c’est l’extrême droite et rien d’autre. Les skinheads ne viennent pas d’ailleurs, ne se réfèrent pas à autre chose, ne se revendiquent pas d’une autre idéologie que celle de la droite extrême et du nazisme. Et qu’on ne vienne pas me rappeler « finement », entre deux remarques sur le temps qu’il fait, que « nazi » est la contraction de Nationalsozialismus et qu’il y a bien « socialisme » dans son étymologie. Non, quelle que fût la stratégie de séduction démagogique d’un Hitler haineux, médiocre et ambitieux pour arriver à ses fins, c’est bien à l’extrême droite aujourd’hui, que se situe son héritage et ses disciples. Car on parle d’aujourd’hui, d’hier soir, de ce matin et qu’on ne peut à toutes occasions se cacher derrière l’Histoire. Non, tous les avis ne se valent pas ; toutes les postures ne sont pas équivalentes ; toutes les pensées ne cautionnent pas implicitement les mêmes actes infects d’atteinte aux droits élémentaires. Oui, il y a des limites à la liberté d’expression et de regroupement quand elle permet de générer « la haine a priori ». La « haine a priori » n’est pas « la haine en réaction ». Elle ne se fonde que sur elle-même et son désir de faire valoir les croyances d’où elle est issue. Elle n’est pas la gifle rendue après avoir été frappé ; elle est le poing qui s’abat en premier lieu pour signifier qu’il est le plus fort et que l’autre n’a pas le droit de vivre. Il y a, parcourant les veines de notre société, une guerre latente que nos gouvernements se refusent à regarder en face ; un affrontement d’opinions qu’il faudra bien trancher autrement qu’en bonnes paroles si l’on souhaite éviter le carnage. À vouloir finasser par lâcheté politique plus que par souci d’équité, on aboutit à ce que la démocratie se caricature elle-même. Quand la gangrène galope et ronge les chairs, profitant de la négligence des soigneurs, il faut malheureusement s’amputer d’une partie de son membre dégradé. La démocratie n’est pas un principe d’attitude béate. Je fais partie de ces gens bornés, peu nuancés et fiers de l’être qui pense bêtement qu’il n’y a pas de crime sans assassin, de fumée sans feu et d’extrême droite… sans droite.

David Noir

David Noir, performeur, acteur, auteur, metteur en scène, chanteur, plasticien, vidéaste, bricoleur sonore, enseignant... trimbale sa nudité polymorphe et son enfance costumée sous le regard et aux oreilles de qui veut voir et entendre.

Cet article a 2 commentaires

  1. Wilfried

    Je ne veux pas parler du texte que, par bien des aspects, je cautionne. Je veux parler de cette phrase « Les skinheads ne viennent pas d’ailleurs, ne se réfèrent pas à autre chose, ne se revendiquent pas d’une autre idéologie que celle de la droite extrême et du nazisme. »

    Identifier skinhead et nazillon revient à faire la même erreur que d’identifier, par exemple, gay et bear.

    Le mouvement skinhead n’est pas un mouvement nazi… Mais c’est un mouvement où il existe, aussi, des nazis – Fut un temps, en Angleterre, on les appelait d’ailleurs boneheads, pour les différencier des autres skinheads. Les autres skinheads sont parfois des gens d’extrême gauche – Redskins, S.H.A.R.P. (SkinHeads Against Racial Prejudice), des « Apos » (Comme Apolitiques), des skinz (Ou GaySkinz) et bien d’autres encore, … Les skinheads sont même parfois des gens d’origine étrangère conspués/passés à tabac par les nazillons.

    Un peu d’histoire – En 1969 (« L’année skinhead »), les skinheads était des gens vivants en Angleterre, issus de la classe ouvrière et partageant certaines idées concernant la façon de changer le monde (« Puisque personne ne fait rien pour nous, passons à l’action »)… Partageant aussi une certaine esthétique (Loin de se limiter au crâne rasé. Il y a même des skinheads aux cheveux longs ! ; A ce sujet, le livre « Skinheads » de Nick Knight n’est pas mal), un amour de la musique noire (Généralement d’origine Jamaïcaine) et, souvent, du football (Quand la classe ouvrière Anglaise est au chômage, elle va au pub et au stade ?). Oui, les skinheads fréquentaient les rudeboys (Oui, des noirs ! Pour être politiquement correct, je devrais dire « black »…) et il n’était pas question de suprématie blanche.
    Puis, les choses ont évolué et le National Front Britannique a vu dans cette jeunesse désœuvrée mais pleine d’une envie de changer les choses une parfaite chair à canon… Un peu de propagande plus tard, les skinheads nazis étaient nés (A ce sujet, le film « Made In England » n’est pas mal).

    Quelque temps plus tard, le mouvement skinhead a été importé en France. On trouve tous les types de skinheads sur notre territoire. Mais les médias, faits divers obligent, ont quasi systématiquement associé skinheads et nazis.

    Voilà.

    Et sinon, merci.

    1. David Noir

      Je vous remercie sincèrement de ces précisions historiques, intéressantes et certainement très justes. Je ne comprends pas néanmoins, par delà les différences culturelles et les styles, en quoi les bears et les gays ne sont pas liés à la base par l’homosexualité, même si elle est vécue différemment par les uns ou les autres. Mais peut-être existent-ils des bears se revendiquant hétéros ? C’est très possible ; je l’ignore. Quoiqu’il en soit, concernant les skinheads et ces quelques mots à leur propos, je ne me prétends évidemment pas historien, cela va sans dire. Au contraire même et plus important à mes yeux aussi spécieux que cela puisse paraître, je réfute justement toute argumentation historique aussi judicieuse et exacte soit-elle, comme je le dis dans le post, pour me situer exclusivement aujourd’hui et selon mon sentiment dans une parfaite subjectivité. J’exprime mon exécration d’un « esprit » de droite. Je conçois tout à fait que ça puisse ne rien signifier pour quiconque d’autre. Je suis un homme de scène et d’images, encore une fois et aucunement un spécialiste dans d’autres domaines. Je suis ravi que vous ayez relevé mon erreur car il est important d’être contredit et que des personnes plus à même d’en parler corrigent les « impressions » au profit des faits. On vote néanmoins sur un simple sentiment, ignorant tout des dossiers réels. Nos vies se résument à des actes manichéens dont nous sommes bien obligés de laisser la réalité de fond entre les mains et les cerveaux de gens formés pour se pencher sur les véritables tenants et aboutissants. Pour ma part, je fais avec ce seul sentiment car il n’est ni plus ni moins juste en définitive, que des faits avérés. Il est le produit, de leur digestion par l’inconscient collectif et les individus qui forment ce collectif. Connaître davantage l’histoire ne m’empêchera pas de détester l’argumentaire de droite, ni de trouver bien souvent stupide celui de gauche. Simplement parce que l’objectivité n’existe pas face au sentiment intérieur. C’est sans doute déplorable mais c’est ainsi. Ayant eu un père très féru d’histoire et pourtant bien souvent, falsificateur, je sais combien l’interprétation qu’on en fait peut changer la donne. Même si je ne l’exprime pas à chaque fois, c’est uniquement l’esprit des choses et mon point de vue dessus que je manifeste dans ces posts. Il y a une histoire bien complexe à l’origine de chacune de nos existences, pourtant ce n’est pas à la réalité des faits que nous faisons appel pour nous construire, mais bien à notre propre analyse et ressenti des situations vécues. Les termes sont bien sûr sujets à caution, mais j’ai souvent constaté que trop ramener leurs origines exactes sur le devant de la scène, ne permettait en définitive que de relativiser, dégonfler la baudruche et nous faire aboutir au constat que nous sommes une bien pauvre espèce incapable de tempérer ses pulsions ; ce à quoi nous ne pourrions rien. Pulsions contre pulsions, je ne veux pas aujourd’hui qu’on laisse flotter dans l’air, l’idée qu’il n’existerait pas un esprit du bien, dont les limites seraient à scrupuleusement définir et défendre. Pour moi, elles existent ; et « nazi » est moins aujourd’hui une référence à un parti politique, qu’une image tout aussi précise décrivant une façon d’être et de penser. Croyez bien que je ne cherche pas à vous renvoyer la balle par cette réponse à votre argument, encore une fois, judicieux et bienvenu. Je tente simplement d’expliciter une posture rédhibitoirement subjective mais salvatrice en ce qui me concerne, comme je le fais sur scène à propos d’autres sujets. Mais y en a-t-il d’autres en définitive, pour l’être humain, que l’esprit des choses ? L’Histoire elle-même, est faite de l’interprétation ignorante ou erronée des faits. Sont-ils plus véritables, bien ou mal compris, que la dynamique qu’ils composent et qui aboutit à nos vies ? Les révolutionnaires de la Convention nationale étaient-ils bien informés sur la réelle personnalité de Louis XVI et la conscience qu’il avait de la portée de ses actes, quand il a été jugé et condamné ? Si j’étais juge, il va de soi que je réagirais autrement, mais ne l’étant pas, je ne peux pas penser que l’objectivité puisse être un guide pour les sentiments puissants et mobiles qui animent les peuples. Après tout, des nazis, il en a sûrement existé des bien sympas, juste un peu trop enthousiastes et moutonniers ? Tant pis pour eux, dirais-je. Voilà. Pardon pour cette longue extrapolation et à mon tour, merci.

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