Pourquoi quand j’entre dans une salle de théâtre, ai-je envie d’en partir ? Pourquoi lorsque j’ouvre un livre au hasard, ai-je hâte de le refermer ? Pourquoi ai-je du mal à rester sur mon siège devant les images du cinéma, son histoire qui se déroule et ses acteurs qui défilent ? Pourquoi m’est-il impossible d’écouter d’affilé plusieurs morceaux de musique ? Pourquoi j’étouffe dans la culture ? Un objet de plus. Un livre de plus. Une pensée de plus. Une pollution de plus. L’individu crée, l’individu invente, l’individu vit, l’individu pollue. Son existence pollue. L’espèce humaine ne peut que polluer ce qui est considéré comme vierge avant son intervention. C’est le prix de son existence. Moi, j’ai envie d’un corps qui me porte et de jambes qui marchent. J’ai envie de ne pas savoir qui tu es en profondeur si c’est à la condition de devoir me confronter à ta convivialité de surface. Je suis une somme de vrac qui n’en peux plus de l’ordonnancement stérile de la pensée. Arrête tes produits. Hollywood chewing-gum ou La Pléiade, je m’en fous. Pourtant vois-tu, je n’ai pas de revolver à sortir de ma poche pour te le dire. No bowling, no Colombine. Adversité es-tu là ? Un coup pour oui, deux coups pour non. La civilisation vaut mieux que la culture. Cher brigadier, ma civilisation vaut mieux que ta culture. Mais tu n’as pas compris que tout est une question d’heures, de jours, de contexte. Que d’ici quelque temps tu ne me reconnaîtras plus. Que tu ne me diras pas bonjour. En cet instant tu me sers dans tes bras. Qu’est-ce que cela voudra dire demain, dis-moi ? Déni de société. Celui qui me fait un cadeau m’oblige… et m’afflige.

Sale défaite pour une salle défaite | Masques de théâtre peints sur courges Spaghetti évidées © David Noir