Où je comprends la volupté d'attendre que ça morde

pêche sportive

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AU LAC ETALE

Commencer par saper la base de ma nature. Se mettre la morale à zéro et attendre que le … ciment prenne … le large cul des vaches qui demeurent ici.

Fondations, 1, 2, 3 …

… dans cette masure pixélisée que j’ai décorée à l’orientale comme si j’avais fait des voyages, je ne suis contraint à rien sinon à faire ce qui me plait ou défaire ce qui me déplait, mais de mon propre chef. Mis à part, peut-être de devoir sauter hors de mon lit pour venir allumer cet ordinateur ou un autre ; celui-là, le plus près à ma portée ; parfois mon téléphone. Je suis tellement entouré de ces appareils, comme tout le monde désormais, que j’ai l’impression d’être un maître-chien qui doit commander à une meute.

Et comme souvent avec les chiens, ce sont eux qui vous tiennent en laisse. Mais ça ne me dérange pas. Ce n’est que justice après tout. C’est par amabilité qu’il faut leur obéir. Les pauvres n’ont rien demandé ; c’est bien capricieux, égoïste, cruel de les contraindre à attendre notre bon vouloir pour qu’ils fassent leurs besoins lorsque l’on tarde à se lever. Je l’ai fait aussi parfois, ignominieusement, quand j’étais moi-même un de ces putains de maîtres qui veulent se faire croire qu’ils aiment leurs jouets parce qu’ils peuvent les briser par leur seule volonté passagère ; par paresse, fatigue; manque d’empathie, de conscience, de reconnaissance envers leurs bêtes, alors qu’ils iront ramper comme des lâches le dimanche devant leurs vieux parents qui les font chier. Mais je crois que je ne le ferai jamais plus si ça m’arrive un jour d’être à nouveau en position de maître. J’y reviendrai à ce mot terrible, « maître », derrière lequel on s’abrite (ici passage indéchiffrable à la relecture) … à portée de (idem) … incapable sur … l’esclave. Car qui dit l’un, dit l’autre. Tous deux liés. Tous deux esclaves; comme des cochons; ça vaut mieux.

Volupté d'attendre | Horloges de mon temps numérique © David Noir
Volupté d'attendre | Horloges de mon temps numérique © David Noir

Au troisième Wilhelm Reich, il sera exactement midi

Digression. Elles sont tellement habituelles chez moi que j’ai souvent l’impression d’en tenir une par la queue et que je la montre à ces Messieurs pendant qu’une nuée d’autres s’échappent ; évidemment pas des milliers, mais peut-être bien 2, 3, 5 au même instant… je ne sais pas. Elles s’entortillent si vite dans ma boite crânienne. C’est pour ça que je me lève en sursaut ; c’est pour ça que je me loue une maisonnette en ligne, virtuelle, comme on dit. Peut-être, mais c’est ce qu’il me faut pour y amonceler tout un fatras d’idées qui passent et stagnent tour à tour. Elles doivent bien s’y trouver puisqu’elles y restent. Moi, quand j’en ai le courage, je les fous dans des grands sacs-poubelle, noirs et résistants et je les accumule dans un coin du jardin.

C’est comme ça. Je fais mon petit devoir citoyen quand je pollue hors de mes limites ; je trie bien comme il faut, mais ça me fait quand même un peu mal au cœur de le faire. Parce que tout ce qui m’intéresse dans la vie véritable, celle qui m’inspire un élan vital et non celle que l’on me dicte – que le dictateur soit instance politique, amoureuse ou morale – c’est mon caprice ; là immédiat. C’est ça que j’ai envie de respecter. Pas la terre, surtout si l’on me raconte que la terre c’est la cité.

Non, l’océan, la forêt, les lacs de montagne oui, mais la ville, non. La ville, je l’aime comme la poubelle qu’elle doit être. Je peux rêver de jardins merveilleux et joliment ordonnés avec un goût sûr, par de délicates nuances de couleurs et des essences judicieusement choisies, avec la préoccupation de la symbiose des facteurs naturels entre eux. Un équilibre merveilleux qui sent bon le tai-chi et la méditation. Je n’ai rien contre ; c’est vrai que l’on peut trouver ça agréable, un temps.
Mais assez rapidement je m’y sens comme dans l’une de ces rues piétonnes comme il en pousse encore partout ; de ces rues aux petits pavés rosés, agencées parait-il avec le souci du bien-être du passant qui passe.

C’est Disneyland sans Shere Khan Le même écœurement très vite qu’à Disneyland. On croit qu’on va être ébloui ou au moins retrouver quelques joies de l’enfance qui gobe tout. Mais non, tout y est laideur et piètre qualité. C’est un décor en forme de foutage de gueule; un décor fait à l’économie. Pas un beau décor de théâtre ou de cinéma, même le plus ringard. Même un jardin ou un très beau canal peut devenir ça.

A quoi joues-tu nu et désarmé ?

Pourtant rien n’est plus écologique que ma ville poubelle. Parce que dans le chaos et le laisser-aller, tôt ou tard, c’est là que la nature « reprend ses droits », comme on dit très stupidement par un vieux bon poncif ; un proverbe bien évident dont la culture traditionnelle est si friande, prenant le concept fruste pour de la sagesse, par vexation et orgueil de ne pas se trouver plus savante.
Comme si la nature avait des droits. Faudrait déjà qu’elle ait déjà une identité la nature, pour avoir des droits. Et je préfère le dire d’emblée au fantôme qui passe, que si « Dame Nature » s’en vient de derrière les fagots de la connerie populaire, je l’inviterais bien à y passer rien qu’une semaine à se démerder au fin fond de chez Dame Nature, que l’on voit un peu comment il s’en sortirait ce faux singe.

« Dame Nature », comme le brament les cons, ce qui lui « plait » avant toute chose c’est de détruire. C’est d’ailleurs impressionnant à ce propos, de se rendre compte du nombre d’occurrences du mot « nature », employé pour désigner cette notion ou pour la personnifier, que l’on peut retrouver dans les textes de Sade. La Nature donc, comme c’est d’ailleurs l’entier propos du sympathique D.A.F., c’est quand tout son édifice se casse la gueule qu’elle atteint les sommets de la jouissance, pareille à une maniaque empileuse de cartes au moment où son château s’écroule enfin après tant de tensions cumulées. Là, elle est bien heureuse Dame Nature. Elle se met alors en frais de tout te recommencer ; tout depuis le départ sans sourciller. Et c’est reparti pour quelques millions d’années, car le temps ne lui coûte rien à belle Dame Nature puisque c’est elle qui le crée.

Je vais te dire moi, Dame Nature est une grosse artiste brut paresseuse qui tricote toute la journée. Elle n’a rien d’autre à foutre que de faire des colliers d’ADN et d’empiler des cellules, comme une grosse vache de baba cool qui ne se verrait pas d’autre avenir que de collecter des graines et de faire du modelage en pâte à sel. Elle est au RSA, Dame Nature ; et elle s’y trouve fort bien. En ce sens, je dois dire que je la comprends parfaitement. Moi aussi, je n’ai envie de ne rien faire d’autre que d’enfiler des perles, toujours sur le même fil qui ne sera jamais coupé pour en faire un truc utile ou gérable, comme une décoration d’intérieur ou un pendentif. C’est pour ça que je la connais bien Dame Nature. Elle et moi, on est pareils.

Ma petite personne est entièrement calquée sur son modèle au pixel près et je ne me raconte pas autre chose. Alors quand j’entends dire qu’il faut la respecter, je rigole. Elle se fiche bien qu’on la respecte. Ça lui procure autant d’effet qu’une chevrotine sur le cul d’un hippopotame. Et le plus beau c’est que tout le monde le sait ; absolument tout le monde, mais ce tout le monde se croit obligé de venir te raconter cette Nature que tu connais par cœur en toi-même ; en long, en large et en travers. Tu sais tout ça parfaitement tout seul sans qu’on te l’ait jamais appris.

Viennent les tsunamis, viennent les coulées de boue ; viennent nos merveilleuses poubelles et les rats qui pullulent ; vienne le débordement incontrôlé parce qu’incontrôlable ; encore un peu et nous y sommes ; et après un petit hoquet de glaciation ou de désertification intense, elle lèvera à peine son gros cul de sa chaise en bois et paille tressée – le tout un peu usé quand même – juste pour laisser la place à son vent de sortir et puis elle se rassiéra aussi sec en quelques millions d’années pour se remettre à son écharpe au crochet et à ses tartes aux quetsches. Plus nous serons débordés par nos pulsions, nos tentatives de cohérence impossibles à tenir ; plus nous déconneront à qui mieux mieux et plus nous lui offriront le régal d’une belle destruction, à cette bonne maman Nature. C’est tout ce qu’elle attend de nous, ses braves petits enfants qu’elle pond en ribambelle sans même se soucier qu’ils lui pendent encore au cul comme des œufs à l’abdomen de la reine des abeille, alors qu’elle vaque à ses occupations.

Alors le capharnaüm où finalement tout bordel est à sa place, eh bien moi je m’y sens dans mon élément autant que Dame Nature dans ses superbes paysages, qu’elle modèle, il faut bien le dire, avec brio. En même temps, quand on ne fait que ça à longueur de révolutions depuis des milliards d’années autour de cette malheureuse étoile, qui ne fait elle aussi que se consumer et péter des gaz à des centaines de kilomètres en hauteur, on peut penser que l’un et l’autre ont acquis un certain savoir-faire dans le numéro du pétomane et de la brodeuse.

Le sentiment d’urgence, la vanité qu’entraine chez nous, sûrement plus que chez toute autre espèce (mis à part l’écureuil peut-être), une absurde croyance en la destinée… vers ceux-là aussi je retournerai souvent indubitablement, car ils sont un peu mes sujets favoris; en ce sens qu’ils me concernent bien sûr, mais ils concernent également tellement de monde par ailleurs, que je me considère moi-même comme quantité négligeable dans cette affaire.

Ce qui est agréable, à cet instant d’écrire, les yeux encore bouffis de sommeil et de son absence relative; c’est que si vanité d’exister il y a, pour moi, en écrivant ces lignes, elle est purement inconsciente. Ça se présenterait plutôt – comme on le dit de telle ou telle chose qui surgit toujours sans jamais avoir véritablement prévenu – comme une envie de pisser. D’ailleurs là, m’étant couché à une heure avancée de la matinée, je me lève 4h plus tard. C’est bien une pulsion à laquelle j’accorde la prédominance, puisque ma relative nuit à peine achevée, je me précipite pour écrire et décrire comme une rareté – suffisamment à mes yeux pour que je lui accorde temps et espace – cette énergie aussi inutile qu’insatisfaisante qui me propulse au cœur du Web (encore qu’il n’en ait justement pas) via l’ordi, avant d’avoir satisfait à mon envie d’uriner pourtant très présente. Les deux nécessités sont presque concomitantes mais laquelle a précipité l’autre, ? Je dois dire que je me le demande et ça peut même suffire à ma journée.

Comme Dame Nature, je me contente de peu.

J’écris sous le coup d’une fatigue extrême ; les nuits se succédant ; s’enchaînant dirait-on  mais à quoi s’enchainent les nuits ? J’imagine, les unes aux autres… à façonner du Wordpress ; pas encore beaucoup d’écriture, mais déjà les bases du bunker, tombeau d’airain, de rocaille et de béton, prêt à les recevoir, les phrases, les sentences. Il faut que mon site soit aussi attractif qu’un abri antiatomique pour que les mots ne s’en évadent pas.

C’est mon projet : désapprendre à écrire cette écriture dont on étouffe par asphyxie générale ; privation d’air et de liens. Car avec l’écriture, c’est ça qui est terrible et redoutable ; c’est une sorte de napalm incendiaire qui emporte la peau et vaporise le derme en poussière de carbone, même à grande distance, avant de vous toucher. Il y a dans ce processus quelque chose de l’ordre de l’épouvante, quelque chose de mortel et de poisseux dont on ne peut se défaire sans y laisser des pans entiers de son caractère superficiel. Quelque chose qui finit par vous donner une apparence dégueulasse et purulente de lépreux saumâtre; de quelqu’un qui pense. Et je suis dedans moi qui n’en ai jamais voulu de cette soupe âcre et épaisse; un potage aux glaires. Surtout pas ; surtout pas ça ; pas cette chose protubérante, mi gazeuse, mi solide, pas cet astéroïde grossissant à vue d’œil et qui déjà de loin semblait si menaçant. Tout ou n’importe quoi, mais plutôt ne rien faire de soi que d’écrire. Abandonner ma vie si la peste m’atteignait, voilà ce que je me disais étant plus jeune et voilà maintenant que depuis trop d’années j’y suis. Ah si je pouvais encore écrire plus mal que ça, de façon moins passablement « travaillée » encore, peut-être bien que dégoûtée de moi à son tour, la maladie poisseuse me quitterait. Il n’y a vraiment que le cliché des jeunes filles timides mais ambitieuses pour rêver ainsi de l’écriture comme d’un machin plus grand que tout qui viendrait les faire jouir à leur insu  et terrasser leur vie. Un vrai porno de base des années 70.

Un peu de calme soudain. J’arrête. Je profite de l’accalmie. Une poche s’est percée. Elle se vide.

Je crois que cette dernière remarque n’a pas de sens. Tant pis, je n’y réfléchis pas davantage. Je tiens à respecter mon postulat, qui n’est en rien une décision mais un besoin, de livrer mes mots ici, en y revenant, fantôme, le moins possible.
Je tiens aussi à dire au passage que cette remarque – le fait que quelque chose n’ait pas de sens (je parlais à l’instant au sujet des jeunes filles) – s’est retrouvée là tout à fait par hasard puisque j’ai repris, pour inscrire le paragraphe qui vient de précéder, à n’importe quel endroit de ce texte frauduleux. Cette remarque visait donc une autre chose, antérieure dans la phrase coupée en deux, dont je ne sais plus et ne souhaite pas savoir ce qu’elle pouvait bien avoir comme propos. Tant mieux. C’est comme un peu d’oxygène. Pas l’air pur des cimes, je ne saurais comment le respirer – celui-là me donnerait la nausée ou le vertige, mais celui qui pénètre simplement par l’entrebâillement de la fenêtre. C’est déjà ça ; quelques molécules de vague littérature qui se détruisent. C’est bien peu par rapport à ce qu’il faudrait abattre.

(Passage à nouveau illisible)… je dois presque faire, tout comme avec mon écriture manuscrite d’ailleurs; si je n’y revenais pas un peu, parfois même beaucoup par la suite, mais pour d’autres raisons, vous ne pourriez pas davantage me lire. Je tape aussi mal que j’écris pitoyablement à la main, mais avec une autre vélocité quand même. Il faut dire que ça m’énerve prodigieusement cette façon de « faire » en particulier, du mouvement de la main. Main que j’aime plutôt par ailleurs, mais que je hais dans ces moments-là, tant elle m’est douloureuse dans toutes ses articulations et me nargue par sa maladresse. Sa transcription est tellement lente par rapport aux impulsions que m’envoie mon cerveau ! Non qu’il soit spécialement rapide mais tellement plus vif en comparaison de ce sabot de cheval tentant de donner forme à des signes. C’est effrayant.

Pour l’instant, depuis le, début de ce texte, je n’ai pas levé le nez vers l’écran et je crains « le pire » quand je vais finir par le faire, d’ici certainement une minute ou deux. Ceci était vrai au moment où je l’écrivais, mais je rappelle à l’éventuel lecteur ou lectrice étrangement audacieux et bizarrement curieux, que ça ne l’est fatalement plus au moment présent où j’insère et saupoudre d’autres phrases comme on termine de cuisiner un plat. Ceci n’est finalement pas bien important. Ce qui l’est pour moi, c’est de ne pas m’être contraint.

Je viens de lever le nez. 6 lignes sont affichées; les premières uniquement. J’ai dû appuyer sur une combinaison de touches malencontreuse dans ma précipitation aveugle. Merci Wordpress et ta sauvegarde automatique qui me permet de remonter le temps malheureusement advenu, même si cette perte n’aurait pas changé la face du monde. Néanmoins, quiconque a fait l’expérience de la frustration de perdre ce qu’il possédait l’instant d’avant, sait que quelles que soient la valeur et la nature de la chose en question, il en reste durant quelques instants une ombre douloureuse, d’une ampleur plus ou moins conséquente, qui plane encore au moins plusieurs secondes dans l’air ambiant avant de s’atténuer puis de s’évanouir. Quelque chose comme un coup au cœur s’en ressent alors. Cela vient d’être mon cas il y a un peu plus d’une poignée de secondes. Je vous le livre dans une sorte de direct différé de quelques minutes maintenant, et bien davantage encore si quelqu’un tombant sur ces lignes venait à s’en imaginer les circonstances détaillées d’ici plusieurs mois, voire des années plus tard ; puisque c’est le génial privilège d’Internet, bien plus encore qu’en ce qui concerne la publication des livres, de charrier des décennies durant, des morceaux épars de moments vécus venus du monde entier, rendus accessibles, à portée de main, comme le ferait le flux d’un océan qui se couvrirait de bouteilles en plastique qui en composeraient le polluant principal autant que son élément constitutif premier. Mais avant tout, la frustration réside dans le fait de se trouver privé du plaisir de jeter au feu de sa propre main, les torchons que l’on a produits malgré soi ; comme des crimes dont on voudrait se cacher ; comme des viols d’enfants irrépressiblement commis avec une volupté secrète.

Secret Défense du Masculin

Ça y est j’ouvre enfin peu à peu davantage mes yeux, mi-clos jusqu’à présent.
Je me plais parfois à penser que j’écris en live comme des musiciens improvisent avec leurs instruments. Comme des pianistes en l’occurrence, vu ma position assise au clavier et le rythme heurté qui syncope ma frappe, de jazz ou de blues.

Le « groove » comme ils disent, le sillon de mon écriture dont le tracé se traduit par le balancement autiste de mon torse et de ma tête d’avant en arrière ; là aussi irrépressiblement ; en une attitude plus qu’impudique, obscène. Ou du moins, quelque chose de très similaire.

À nouveau, frayeur et impression étrange; interruption élastique et suspension soudaine ; voilà que nous passons à l’athlétisme. Pas complètement désagréable non plus il faut le dire, même si le langage du sport ne fait pas partie de mon vocabulaire sensuel. Mais fallait-il vraiment écrire par deux fois directement dans cette petite fenêtre du logiciel en m’obstinant à ne pas tenir compte des mouvements chaloupés que m’impose cette embarcation détestablement narrative ?

J’ai même l’impression que certaines phrases ont réussi à ressauter à l’eau. Je n’ai d’ailleurs toujours pas véritablement encore regardé mes prises en détail, négligemment jetées derrière moi par-dessus ma tête au fur et à mesure que je remontais mes filets. De toutes façons elles suffiront aujourd’hui, à me nourrir ou à m’empoisonner; c’est au choix. Je verrai bien plus tard.

Il n'y a pas de racines au ciel

Mais maintenant que je prends davantage le temps de les palper au fond du seau, je sens certaines phrases si potentiellement gravides de tant d’autres qui pourraient suivre, que je me méfie quand même.

Tant de thèmes à développer malgré moi en perspective; tant de travail et d’heures à gâcher à venir. Oui méfiance. Heureusement le bunker est là, solide et libre de trouver son expansion adéquate pour les contenir par de hauts murs d’enceinte. Combien j’aimerais moi aussi vivre entre de pareilles murailles ; m’y trouvant à la fois inatteignable, invisible et au cœur de tout. Ça sera pour une autre vie à moins que ça ne fut déjà le cas auparavant. Peu importe, aujourd’hui, la toile suffit à mon évasion vers une prison plus sûre. Et puis, je n’oublie pas que c’est bien pour capturer ces prises là justement, que je me lève avec le jour pour me précipiter au saut du lit sans m’habiller, dans ma barque instable en quête de phrases « pleines ».

Oui, je pêche nu bien souvent, comme un villageois d’Afrique lançant son filet dans un point d’eau ou un indien d’Amazonie harponnant et sortant quelques gros poissons du fleuve. Deux silhouettes que je n’ai jamais véritablement croisées ni vues à l’œuvre de mes yeux  – autrement que dans des documentaires, mais que je connais bien et dont j’ai souvent envié la possibilité qu’ils avaient de prélever leur nourriture, aussi maigre et ainsi soit-elle parfois, directement en l’arrachant des entrailles de cette fameuse nature si mortelle. Et puis quel besoin de pagne, seul et à l’air libre pour faire ce qu’on a à faire, même si c’est contre son gré ? Chacun nous n’avançons jamais que poussé à le faire et contre notre gré. Alors, autant n’avoir d’autre gêne sur le corps que cet étui pénien destiné à me protéger contre moi-même.

Oui je tape comme un musicien et comme un sourd aussi, ce qui revient certainement au même. Pourquoi ferait-on autant de bruit si l’on entendait bien ? N’y-a-t-il rien d’autre à entendre que la musique ? C’est devenu une telle habitude, partout, sans cesse de penser que la musique fait toujours le bien.

J’éprouve un fort plaisir à me balancer ainsi et faire passer le rythme de ma pulsion dans le clavier. C’est mon tambour. Enfin une peau qui n’est pas la mienne ! J’entends cette musique. J’entends ces silence aussi; je les ressens en profondeur et ils résonnent. Oui pour moi je crois que c’est ça la musique; quelque chose que j’ai la sensation d’être seul à entendre.

Ça y est, je crois avoir compris comment lutter efficacement contre la possibilité de perdre son travail en cours en écrivant directement dans Wordpress. Ce n’est pas un forum technique ici et je ne vais pas vous le livrer les détails de la manipulation d’autant que je crois les avoir déjà oubliés, mais constater une fois encore, qu’en informatique les retours en arrière sont souvent faisables ; que les opérations sont conçues pour n’être jamais destructrices, a quelque chose de réjouissant qui me fait encore davantage adhérer à l’idée séduisante d’habiter ce monde numérique, en tous les cas, au moins autant que l’autre et à prendre cette option plus au sérieux que je ne l’ai vraiment fait jusqu’à maintenant.

Ma question de fond véritable et qui fait l’objet et l’expérience à venir de ce blog-ci, est : pourquoi le besoin de mettre sur pied à nouveau un énième site (j’en ai plus ou moins douze, bien que leur imbrication ne les rende pas toujours distincts les uns des autres aux yeux du visiteur et que certains ne sont pas même fondamentalement destinés à être vus) ?

Ceci était vrai au moment de l’écriture de cet texte en août 2015. J’ai ainsi créé durant mes années d’expérience préparatoires jusqu’à 14 sites différents, aujourd’hui tous réunis en un seul, celui que vous êtes en train de parcourir.

Décalage  horreur                    

 

Une créature sort du lac, nue ; sort du lac noir. À quoi on joue si elle nous mange ce soir ?

Oui, pourquoi ne pas faire ce nouveau petit blog, cette éternelle bonne petite blague, sur, sous, derrière… une de ces plateformes existantes. Ou simplement me contenter de compiler les tonnes de notes qui m’environnent à force d’accumulation des fruits récoltés des pulsions quotidiennes, en un seul gros bruit bien sourd ?  BOUM !

Fort heureusement d’ailleurs j’ai pris l’habitude d’en rejeter la plus grosse part à son élément naturel, la poubelle. Longue vie à la pêche écoresponsable.  Re-BOUM !

Quand j’y reviens de temps à autres, je remets ainsi les spécimens les plus anciens à leur milieu si je ne les consomme pas crus et frais dans l’immédiat. Le monde de l’esprit est vaste et je vise à ne plus faire de conserves. J’ai remarqué que je trouverai toujours sur place de quoi assurer ma subsistance. En, ce sens mon industrie est assez écologique finalement. Re-Re-Re-BOUM !

Mais cette autonomie autarcique fait de moi aussi celui qui en pâtis, puisque, inexorablement et selon le rythme régulier des saisons, ces braves bestioles reviennent en nombre pour frayer dans ma tête et à nouveau pondre et prospérer, croitre et multiplier.

C’est là que le bât blesse et c’est ce qu’il faudra corriger. Conséquemment polluer ma tête pour que les braves bestioles trouvent moins de charme à venir s’y reproduire. C’est pour l’heure, encore et toujours mon fardeau de pêcheur villageois que de les transcrire en écrits. Je m’y suis accoutumé. Ainsi pour échapper un peu à leur emprise, je deviens musicien syncopant des rituels ou pêcheur aux abords d’un grand lac de plaine ou de montagne, d’Afrique, d’Asie, d’Océanie ou d’Amérique, au sujet desquels je ne m’illusionne pas sur le fait que ce sont des images d’un temps qui aura définitivement disparu sous peu. Dame Nature s’en trouvera bien.

Ces lieux du virtuel et de l’imaginaire tangible existent tout à fait concrètement pour moi. Ce sont mes lieux de vie et même mes résidences secondaires. Une de leurs limites structurelles est qu’il est moins aisé d’y convier les autres ; il ne suffit pas dans ces mondes tour à tour vidéos et ludiques, non il ne suffit pas que des portes soient ouvertes ou fermées. Il n’y a de seuils à franchir que dans une maison en dur. Ici, ce sont les efforts conjoints de l’esclave et du maître qui forment les issues.

Si tu me laisses te rêver, je ne te dissoudrai pas.

C’est peut-être une part de ce qui revient au travail que de dresser la table et de rendre visible et palpable et sonore ce que nul autre que soi ne pourrait percevoir seul. Rien n’est moins sûr. Il est aussi possible qu’on mette le feu à son monde en le créant dans le but de se donner de la lumière, de générer un éclairage intense et un effet de projection à partir des intériorités des mondes de chacun. Spectateurs, spectatrice, tous isolément bien au chaud dans leur monde sous prétexte d’assister à l’incendie de celui d’un autre. L’idée me plait et je la crois potentiellement réelle.

Ça ne répond pas pour autant à la nécessité étrange de venir exposer mon gibier ou mes crustacés sur les marchés du net. Ou au contraire, ça serait plutôt ça ; je dispose mes prises sur mon étal. J’attends le chaland, qui apparemment a la même étymologie que le « galant »; dans les deux cas, « celui qui porte intérêt », mais qui est aussi le bateau qui ramène les fruits de sa pêche.

Frais pêché du jour et pas cher. Production cérébrale artisanale, capturée puis nourrie à la main. Peut-être, les mondes virtuels vont-ils entamer leur métamorphose vers la matière sensible et peut-être vont-ils se rendre visibles à nous à la façon dont nous l’espérions des extraterrestres redoutés dans leurs costumes argentés de plastique des beaux délires atomiques des années 50 ? Pour bientôt, la culture hors-sol, hors-terre, or… dînèrent comme de bons cons vivent ?

Imprégnation : expérience vécue jour après jours face à nos interlocuteurs écrans d’ordinateurs. Pour sûr, ils ne nous laisseront pas quitter leur monde aussi facilement que ça.

La fin des innocents s’accomplira dans le cloudbuster qui tonne le temps que leur quête des bouches sur la décapitation des croyances.

clap,clap,clap,clap,clap,clap,clap,clap,clap,clap,clap,clap,clap,clap…

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