Dans le domaine d’une recherche artistique visant une liberté vraie, la réflexion n’est pas une somme de vœux pieux ni de vouloirs. Elle est une aspiration à comprendre ses propres états et fonctionnements, au-delà d’une quête d’objectivité sur soi-même. Elle a pour objectif d’établir des ponts et des interactions de proximité entre la réalité supposée et ressentie de son être et sa poésie personnelle, autrement dit, le système intrinsèquement biologique de sa pensée hors toute logique dictée par une soumission à la cohérence et aux attentes de la société.

Dès lors il ne s’agit pas de dire « je veux » ou « je dois », mais « je vais vers ». Donc de s’orienter, alors même que l’on crée ou recrée les chemins de son avancée. C’est le mouvement de la quantité de ces tâches simultanées et parfois antinomiques qui génère les associations, fusions, heurts et effondrements et qui aboutit progressivement à dessiner un paysage, puis un relief et finalement un environnement propre à « vivre » sa pensée et dans sa pensée. Il convient ainsi pour l’artiste de se défaire systématiquement des « Pourquoi ? » et des « Comment ? » comme autant d‘habitudes morbides et de privilégier le « Vers où » sans soucis des raisons et des moyens pour y parvenir. Ainsi une autre créativité apparaît, qui se détache du système prévisionnel auquel on était prêt à se soumettre en croyant sincèrement se mettre en disposition de créer à partir des outils de sa vérité vraie. C’était oublier que les outils seuls ne sont d’aucune utilité sans les matériaux auxquels ils sont destinés et pour lesquels ils ont été créés.