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Cellule qui dégénère en paix | Acrylique sur papier © David Noir

Je veux rester un étranger

JE VEUX RESTER UN ETRANGER

violence Manifeste

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Page du site dédiée à la performance éponyme

 

Un peu de brutalité dans ce monde de poésie

Enfin, si tu le permets, je dégénère en paix ! Dieu mangea au KFC et il vit que cela était bon. Je me fous de la vie affective et sociale de mes contemporains. Qu’ils soient vivants ou morts, femmes ou hommes, inconnus ou célèbres, enfants ou vieux, de l’autre bout du monde ou de l’immeuble voisin, peu m’importe. La seule chose qui compte à mes yeux est ce qu’ils et elles peuvent bien avoir encore à fournir de généreusement singulier, pertinent et inventif, depuis leur mystère enfoui m’arrivant en écho du fond de leur caboche. Il ne s’agit pas d’être en bonne intelligence avec qui ne le souhaite pas, ni de « faire société », beurk, une bonne fois ! Il s’agit de mériter ses supposées capacités cérébrales d’individu évolué. Travailler, penser, questionner et si possible même, aller un peu au-delà. Il y a un prix à devenir humain : ne pas se contenter d’être. Se suffire apporte une belle dose de suffisance. Le contentement de soi est nécessaire et possible à la condition d’avoir une certaine conscience bien vécue de la médiocrité des efforts que l’on fait pour grandir. Inutile de se lamenter sur les horreurs de la vie si c’est pour se contenter de vivre. Et ton genre, et ta sexualité, et gnagnagna, et ton intolérance, et tes avis sur tout ce qui passe, et ton indignation à pas cher jusqu’à ce que tu rampes devant un nouveau pouvoir et change d’avis, et ton moi, moi, moi et ton j’ai le droit, et ta sensibilité, et ta famille, et tes enfants, et ton racisme imbécile et culturel ; ah ta culture oui, oui ; ton identité, oui, oui ; et ton anti racisme plus raciste encore, et ta religion, et ton réseau social, et ton art, ah oui ton art, et ton bon goût, pauvre merde qui ne sait toujours pas que tu es ce qu’on a fait de toi, toi qui pense exister par toi-même. Ta prétention à être mérite ton inexistence. Vis à vis de toi et de tout le reste, je veux rester un étranger. Mais un étranger doit-il toujours avoir le nez camus ? Je dois changer de visage. Tu n’es pas mon visage. Tu n’es pas mon projet. Mal aimé. Aimé de la mauvaise façon. Se trompe d’amis. Se trompe d’amour. Les paons (Léon !) ondulent à l’heure. Et bien en dessous du niveau de l’amer. Moi ma façon de résister c’est de m’inscrire le moins possible dans le rapport vécu comme social, de ne pas abonder dans le sens des indignations de convenances qui commencent et s’arrêtent aux portes des réseaux sociaux. Ma façon de résister est de considérer que penser en artiste est bien moins banal et bien plus exigeant que de produire de l’art. Idées reçues ! Une victime n’est pas quelqu’un qui pleurniche. C’est quelqu’un qui justifie les actes de son bourreau. Tiens, le tour des crouilles, une version raciste du chef d’œuvre de Henry James. Barbara stressante. Il y a tant de façade dans le couple. Burne funéraire. Les petites filles prétentieuses n’ont qu’à bien se la tenir. Chaque jour la pratique de l’art me semble d’une bêtise insondable. Je clamse seul… Dans les rues sans personne. Crade crade crade crotte crotte crotte. Dès l’aérocrade j’ai senti la crotte. Ici nougapork. Qu’il est beau mon pénis, qu’il est beau ! Oh too loose ! La complaisance cache le vide des relations quand vivre devient trop d’efforts. Parler directement des choses ne les aborde pas toujours. Le désert des steaks tartares. Je porte plinthe ce jour ou mon ordinateur me fichier. N’importe qui qui entrave ma marche peut devenir mon ennemi. C’est ça un ennemi, quelqu’un qui entrave ta marche. Chaque matin il ne me reste rien de la veille. Ma vie normale a disparu. Je ne suis pas au bon endroit. Pourtant je vais là où les gens sont les meilleurs. Mais moi je ne m’y trouve pas. C’est terriblement dur d’être soi. Quand presque personne ne le souhaite. Si l’horreur est là, tout près, bien présente, à deux pas, c’est aussi à cause de ça. Non, non je ne souhaite pas te provoquer ; te provoquer ce serait encore dialoguer. Je ne veux que dire et pas forcément que tu m’entendes. Les clichés de langage repris sans réflexion marquent le début d’un commencement de bêtise de la part de l’individu qui affirme soudain son existence en s’imaginant rejoindre un grand collectif. En renonçant ainsi à l’invention de lui-même il contribue à faire régresser ce qu’il croit contribuer à faire aller de l’avant : sa stupide idée d’un humanisme à 2 balles ; un humanisme qui ne lui coûterait pas d’autre effort que de dire « Pas de soucis », « Que du bonheur » ou pour le léger niveau d’intellect juste au-dessus, le redoutable « Faire société » et tout aussi beurk : « Le vivre ensemble ». Outre l’aspect indéniablement lèche-cul vis-à-vis d’un esprit du bon goût de l’époque que les décideurs et institutions reprennent également facilement à leur compte dans leurs choix esthétiques en matière de culture, ce refus ou absence de singularité personnelle fait de l’individu touché par cette contamination, une larve. Qui n’est plus de bon ton ? Entre Trump et John Waters, t’es bien emmerdé. Con à l’infini. Le conformisme imbécile des projets thématiques. Peut-être est-ce de la performance ? Qu’est-ce qu’un spectacle ? Une présence. Transposer l’art de la parole et du corps dans un costume. Le petit coup de stylo a son importance. Tous les jours je biffe et me rebiffe.

Lis tes ratures

Libre, ça ne peut pas être toi, c’est moi. Ça ne peut pas être fonction de toi, c’est moi. Tous les conformismes sont immondes. Le bonheur est dans le prêt bancaire. La nausée du genre humain – nausée ? Ah bon ! Ta culture c’est ta limite. Tous les jours entre audace et lâcheté. En quoi le plus grand nombre serait-il plus apte à énoncer un système de valeur que chaque individu consulte isolément ? Au singulier la somme des unités n’est pas égale au tout. L’appartenance à un groupe est un piège social. Perfo-romance « s’en fout l’art mort ». Au sujet de l’artiste rampant. Arrivée en reptation ; baise les pieds des responsables culturels. Tiens, Michel Simon en gorille. On s’est connu, on s’est reconnu. J’ai raté mon costume de singe. Faut de tout pour faire un monstre, comme disaient Arnold et Willy. Tout ce petit monde se fait mousser à raser rasoir, rassieds-toi spectateur. Je ne vais pas me retenir. Je ne vais pas te préserver. Je ne vais pas nuancer. Je ne vais pas m’inclure ni faire le subtil. Je vais cracher hors de moi ce que tu m’inspires. Je vais vomir ce toi sans prendre les pincettes de l’humilité ni du style. Je vais dire simple. Je vais dire gros. Je vais écrire gros parce que plus c’est gros plus ça rentre. Parce que tu aimes les slogans qui simplifient ta vie et qui t’épargnent de réfléchir. Parce que tu aimes la pub, les baskets à la mode et le buzz. Mais aussi parce que tu peux te croire meilleur d’aimer l’érudition, la culture et la pédagogie. Parce que tu es le même, la même, quelle que soit l’apparence que tu te donnes. Le même, la même que tous les autres que tu crois différents. Parce que tu ne changeras pas, ni en bien ni en mal. Parce que tu as toujours été et seras toujours le même. Le même homme, la même femme, depuis toujours. Parce que la grossièreté de ta pensée te sert à tuer le temps ; parce que la subtilité de tes arguments n’aboutit qu’à le passer en prétextant qu’elle nous serait utile. Nous, le monde. Parce que tu croies, tu espères que nous sommes le monde. Mieux et davantage le monde que d’autres êtres vivants, que le cloporte, que le virus ou que le chien. Mieux et d’avantage le monde que l’animal d’abattage ou le moucheron. Je vais t’apprendre. Oui, je vais t’apprendre, ce que tu sais déjà mais que tu n’as pas la conscience de savoir ou que tu n’aimes pas savoir mais que tu sais néanmoins. Je vais t’apprendre depuis cet endroit où je me détache de toi, où je ne suis plus comme toi. La censure est pour l’échafaud mais peu l’emploie. Le monde social est une pollution. Ta pensée est une pollution. Le dialogue est une pollution. Sale défaite. Pourquoi quand j’entre dans une salle de théâtre, ai-je envie d’en partir ? Pourquoi quand j’ouvre un livre au hasard, j’ai hâte de le refermer ? Pourquoi j’ai du mal à rester sur mon siège devant les images du cinéma, son histoire qui se déroule et ses acteurs qui défilent ? Pourquoi il m’est impossible d’écouter plus d’un demi-morceau de musique à la fois ? Pourquoi j’étouffe dans la culture ? Mon envie. J’ai envie : d’un corps qui me porte et de jambes qui marchent. J’ai envie de ne pas savoir qui tu es en profondeur si c’est pour d’abord devoir me confronter à ta convivialité de surface. Je suis une somme de vrac qui n’en peut plus de l’ordonnancement stérile de la pensée des penseurs. Hollywood chewing-gum ou la Pléiade, je m’en fous. Vois-tu, pourtant, pourtant je n’ai pas de revolver à sortir de ma poche revolver pour te le dire. No bowling, no Colombine. Contexte es-tu là ? Tire un coup pour oui, deux coups pour non. Je ne veux pas être vous ; je ne veux pas être toi. Je me fous du « vivre ensemble ». Je ne vis déjà pas avec moi. Je n’y tiens pas. Vivre chacun pour soi ce serait déjà vivre, non ? Si chacun.e apprenait déjà ça. Et une fois qu’on vit ensemble, que fait-on de beau ? On sirote son bonheur paisible dans la quiétude et l’harmonie de tous ? C’est ça l’humain tu crois ? C’est ce que tu veux cette absence d’ambition morbide ? De bar en bar, de concert en concert, de cinoche en cinoche, de teuf sympa en teuf sympa la vie s’écoule comme ça ? Trouillard.e. Mon problème c’est qu’en l’état, si c’est toi l’humain, comme ça, satisfait de sa petite existence, tétant son bon plaisir à deux balles, s’orgasmant de sa petite jouissance, tu ne m’intéresses pas plus qu’autre chose. Pas plus qu’un caillou déboulé sur le bas-côté, pas plus qu’une herbe parmi des milliers, pas plus qu’une des milliards de merdes chaque jour produites en quantité. Rien, tu n’es rien. Rien qui vaille. La normalité usurpée. Il n’est rien de pire au monde que celle ou celui qui se croit juste. Et surtout pas toi ; encore moins toi qui te penses quelque chose ou quelqu’un. Juste quelqu’un de bien, mais surtout juste rien. Se prendre pour quelque chose qui aurait « droit à » est véritablement la vanité la plus conne du monde et la plus irréaliste. A toi qui prônes la nature à tout va, tu devrais bien savoir que pour ta chère nature tu ne comptes pas. Un.e de plus de toi, un.e de moins de toi, bof, bof, bof ! T’as pas l’impression qu’il y a quelque chose qui manque dans ton jardin fleuri ? Un but, un objectif, une constante ? Oui, oui, tu y es presque. La tension non ? Ça s’appellerait pas comme ça des fois, l’envie de vivre, d’aller de l’avant, de prendre certains risques une fois juste pour voir ? Ça me gêne quand on m’aime ; ça me dérange quand on ne m’aime pas (B. Bardot,  paraît-il). La mondialisation, c’est avant tout celle de la connerie. Parlons un peu pollution et environnement puisque c’est dans l’air du temps. Je m’étonne que l’on ne parle pas davantage d’une pollution tout aussi néfaste que celles rabâchées à longueur de media si ce n’est plus, car à l’origine de toutes les autres : la pollution mentale. En dessous de tout, qu’est-ce qu’il y a ? Il y a là où l’on est et puis il y a au-delà. C’est là-bas qu’il faut aller voir. Et là-bas n’est pas très loin. C’est exactement au même endroit que là, mais un plus en profondeur. Au-delà de cette couche de crasse qui te sert de culture et d’identité. Nul besoin d’inspiration pour écrire. On peut écrire sur tout et n’importe quoi ; à partir de tout et n’importe quoi. On peut écrire sur un kleenex mouillé. Tu m’emmerdes artiste avec tes formes esthétiques ; tu n’es rien ; rien qui ne vaille rien si tu ne prends pas le pouvoir ; le seul qui compte ; celui de détruire ce qui n’est pas toi, ce qui t’empêche d’être ; ce qui te nie. C’est à dire tout le reste autour. Détruire disait-elle ? L’as-tu seulement fait une fois ? Mais l’as-tu seulement tenté, trop occupé à faire tes petites familles, à livrer tes petits combats, à penser que tu penses. Une merde aussi grosse que le cul qui la produite. Tu crois vraiment que quand il y a de l’art c’est confortable ; tu crois vraiment que ça se partage ce truc qui doit tout broyer au seul bénéfice de son existence propre ? Ah parce qu’il y a des ministères pour ça ? Pour régir ce qui devrait normalement pousser à les éteindre ? Elle est bonne ta blague. Allez va ; va faire ta musique qui enchante ; va faire ta peinture qui ravie ; va produire ce dont on n’a nul de besoin car l’unique nécessité indispensable c’est de respirer un air neuf, débarrassé des miasmes de ta propre culture et de tes croyances à deux balles et de tes valeurs que tu crois sociales ! Invente ta vie pauvre merde, mais réfléchis avant parce que ça ne viendra pas tout seul. Français, encore un effort… pour sortir de ta crasse ! On s’arrête là ? J’aime les choses incomplètes ; les fossiles et les trous dans le texte. S’intéresser c’est ringard. Tu sais pour contrer la violence il en faut plus encore, ailleurs. Tu la veux ta révolution ; contre la bêtise humaine elle ne se fera pas dans la douceur. Les gens méritent d’être condamnés à mort. Ah ah la blague ! En fait, ils le sont déjà. Les vrais œuvres sont secrètes. Elles ne forment pas ce patrimoine ridicule vendu comme étant la culture. Le langage traduit la pensée collective. Mépris de la sexualité ou des organes ? Plus qu’un interdit. C’est de la couille. Je m’en branle. Con. De ce mépris découle misogynie, violence, homophobie… survalorisation de l’enfant. Ta culture c’est ta limite. Soit l’époque a besoin de toi, soit tu ne lui sers à rien et tu ne seras pas inscrit dans l’histoire. Ce n’est pas toi qui choisis ou non d’être dans l’histoire. C’est l’époque qui écrit son histoire et toi, tu y as un rôle, majeur, mineur ou pas. Que ton existence soit nécessaire à l’histoire ou absolument inutile ne compte pas sous le regard de cette même histoire. Celle avec le grand H. Tout y est infiniment remplaçable. Ce qui fait que si cela n’avait pas été cette fiction là, ce réel là et bien il en aurait existé une infinité d’autres possibles. Même si on la réduit à rien, une histoire ne peut pas ne pas avoir existé. Une histoire n’a qu’à se donner la peine de naitre. Respect, honneur et dignité. Wouaf ! Wouaf ! Wouaf ! Société primitive où une signature vaut bon pour accord. Imbécile, je t’en fais autant que tu veux des signatures, homme des cavernes. La parole donnée ! Quelle connerie ! Je n’ai pas de parole à donner. C’est quoi la règle, c’est du jeu, c’est pas du jeu, c’est de la triche ? T’as pas le droit ! Et tu te crois autorisé à m’enfermer pour ça. C’est peut-être le fonctionnement de la justice mais ce n’est pas le mien. Les vraies victimes sont aussi rares que les vrais bourreaux. Les lois ne sont pas au-dessus de ce qui est. Les lois ne poussent pas dans les champs. Qu’est-ce qui est plus important dans la vie d’un homme, sa conformité au monde social qui l’héberge autant qu’elle l’enferme ? Et à qui cela profite-t-il ? Ah la liberté de l’insulte, quel bonheur ! La joie de la spontanéité retrouvée.

Je veux rester un étranger

Envie de dire que ce n’est pas mon monde. Envie de dire que je n’en veux pas de cette convivialité urbaine, civique, sociale de tous les instants après laquelle la vie ensemble souhaiterait parait-il, courir. Envie de dire que ton partage, valeur obligatoire des temps actuels, m’étouffe. Que ton débat… ah le débat, les idées des autres. En ai-je besoin ? Non je ne crois pas. Je ne ressens rien de cet ordre. J’aspire à la ville non pas morte, mais éteinte et sans regard. La ville translucide, surtout pas rose, ni verte, ni de quelque couleur que ce soit. Silent ville. Le regard qui me respecte est aussi celui qui ne me regarde pas. Et d’une certaine façon, rien de tout cela ne me regarde. Ton excitation festive me met à la limite de la nausée. Il n’y a pas d’identité à suivre le collectif. Je veux rester un étranger. Dans les lieux sociaux de la mascarade, vous ne faites pas de l’art et encore moins l’y invitez. En vous rendant dans vos espaces de convivialité partageuse, vous le piétinez. Il n’y a que la merde dans laquelle on marche ainsi, sans se rendre compte où l’on a posé les pieds. A force de se contorsionner pour se faire accepter on finit par briser sa colonne vertébrale. L’art ne fait pas profession d’avoir l’échine souple. Moi non plus qui ne suis pas gymnaste. Toi non plus, peut-être, si tu n’es pas lombric. Je veux rester un étranger. Aujourd’hui la subversion est malheureusement passée totalement et absolument du côté des grossiers et des criminels ; des présidents twitteurs et des terroristes ignorants. Dès lors le politiquement correct est partout et son dénigrement passe pour une offense aux yeux des bien-pensants culturels dans lesquels s’incluent les artistes (ou du moins fabricants d’art se revendiquant artistes) et promoteurs d’art, tous réunis dans un large et beau panier et qui ne savent plus que faire, dépossédés de ce qui était leur cheval de bataille, leur fibre même. Coiffés au poteau dans la dernière ligne droite après les seventies. Voilà ce qui est advenu en presque 50 ans par ta seule et unique grande faute, monde social : une faiblesse de façade qui est devenue gorge profonde. Le masque que la société pause sur le visage de chaque individu fonctionne comme un patch. Il diffuse et adhère à la peau. Il s’y soude et miraculeusement des lors, ta profondeur, chère humanité, se résume… à ton apparence. Consommer consommer consommer de la convenance et du convenable, fut-il débridé ou pseudo-libre ou offensant, du moment qu’il est normé. Le comportement vulgaire devient chic et bon ton. Mais on se trompe souvent à propos du vulgaire… Je t’emmerde je t’emmerde je t’emmerde je t’emmerde, voilà ce qu’il serait convenu de clamer haut et fort chaque jour. Pourtant, il semblerait inutile de parler à ceux qui n’entendent pas. Et même aux autres. Mais un individu comprend parfois. Alors bon. Je t’emmerde je t’emmerde je t’emmerde je t’emmerde. Tiens, voilà les anarchistes qui adorent les dieux et les maitres. Je t’emmerde je t’emmerde je t’emmerde je t’emmerde. Ça ne devrait pourtant pas être une insulte « trou du cul ». Des grossiers, voilà ce que je côtoie dès que je sors de chez moi. L’épaisseur frontale néolithique poussée comme une protubérance sur leur gueule. Le rayonnement ; un peu plus loin que ton cercle de 2cm de diamètre autour de la trogne, de ton cerveau lambda indélicat, qui parle, qui beugle, qui mugit. Et quand ton découragement prend la forme du reproche, tu deviens alors ce que tu es naturellement : vicieux et remplis de haine et de ressentiment en réaction à ta propre faiblesse. Et tu m’insultes dans toute la gloire de ta vilenie. Oui tu es un vilain, un malhonnête. Je ne t’en voudrais pas totalement de ça si vivre selon ce précepte était une solution enviable, seulement, ce serait mentir que de l’affirmer. On ne vit pas bien ainsi. La vraie puissance réclame de la profondeur. Au moins à un endroit. Celle de ne pas plaire. Refuser est la meilleure des choses que l’on ait à faire. S’ouvrir n’est pas être gentil bêtement. Adorer est juste être stupide. Dire non c’est prendre de la distance. Après on verra. Et encore. Pas sûr. Des années de psychanalyse et que se passe-t-il ensuite ? Peu de choses notables. Ma vérité à moi c’est que l’on peut s’extirper du trou du malaise, du mal-être dans lequel on a chuté durant des années, en un quart d’heure. A peine un peu plus de temps en fait, qu’il n’en a fallu pour y être poussé. Une fraction de seconde, en fait. Écouter son cerveau qui sait tout. Voilà. Quelques minutes pour en revenir oui, car l’inconscient n’est pas si profond. Ce n’est pas un puit insondable, juste une ornière. Mais c’est davantage que son vague instinct qu’il faut suivre. C’est sa certitude. Ne rien écouter qui louvoie. Ne plus se laisser impressionner par la brutalité bête qui brandit pancartes, slogans et arbore badges et calicots au nom de… non, rien, juste soi. Ce qu’on est à l’instant, vaudra toujours mieux que ce que l’on envisage d’être. Le calcul, c’est trop long. Le laisser aux ordinateurs. Soi, c’est bien autre chose. Pas de débat. Surtout pas de débat, d’échange, de discussion. Juste le portrait surgissant devant ses propres yeux de ce que l’on est à l’instant. C’est ça qui s’exprime et doit s’exprimer. C’est ça être. Ce n’est pas du blabla autour de soi. La fermeté tient le corps et l’esprit. Il faut lui accorder sa confiance. C’est une gaine de maintien. Indispensable. C’est la clairvoyance sans l’hystérie. C’est une drogue dure sans effet indésirable. Enfin soi. Pourquoi l’a-t-on si longtemps fait attendre dans l’antichambre de son existence ? Ce n’est pas bien, n’est-ce pas ? Moi je n’en sais rien de tout cela ; l’ai-je vraiment éprouvé ? Je le dis voilà tout, parce que je sais que cela est ainsi. Dans le meilleur des cas, quand la situation est la pire. Mais toi, tu es dans la vie, toi, non ? Projets, couple, famille ? Prenons donc un exemple. Suis-moi. Est-ce que c’est ça qui est important, être un père, être une mère ? Est-ce que l’on n’a rien trouvé de mieux que cette transmission factice ? Au premier degré de ce qu’impose la nature ? Mais vous ne savez même pas quoi leur transmettre à vos fils, à vos filles. Vous vous retrouvez, pensant avoir réalisé le grand saut, comme des béats démunis. J’ai déjà mis fin au théâtre. D’un trait, je l’ai biffé. Pour moi. Fini dans sa forme obsolète et bêtasse. Inutile ensuite de refaire cent fois le même spectacle pour bâtir sa petite carrière. Ce qui est dit est dit. Ainsi on avance. J’aime le jeu, sa pratique et ses techniques mais la représentation qui l’utilise encore est le plus souvent la plus bête qui soit. Tout ce que je peux faire est de te renvoyer l’image de ta connerie sociale vaniteuse. Petite mission de misère mise en œuvre sans brio. Fastidieuse aussi. Car le problème reste unique et toujours le même depuis sans doute l’apparition de la conscience : la lâcheté. Comment vis-tu avec ? Alors, surmonter le dégout. Comment ? Ce n’est pas parce qu’une fois de plus, on tire le portrait de la veulerie et de l’hypocrisie que l’on y échappe soi-même évidemment. Peut-être même est-ce le contraire. Et pour dire quoi au fond ? Pour ma part, je suis toujours aussi idiot.

Un peu d’exigence ne fait pas de mal et induit l’honnêteté

J’ai du mal à écrire « con », même si je l’emploie couramment dans le langage parlé par usage, facilité et conformisme. J’aimerais l’employer moins souvent. Étymologiquement « con » désigne le lapin, surtout son nez et le sexe des femmes. Je trouve ça terrible que ce soit aujourd’hui une des insultes les plus répandues. D’autant plus que j’ai beaucoup d’attirance et parfois même de tendresse pour les vulves ; tout dépend de la personne qui est derrière ou de la tête qui est à l’autre bout. Changeons donc dès à présent. Je dirai donc aujourd’hui qu’on ne me prendra plus pour un imbécile. On me respectera. S’il le faut, on me craindra. Je ne sais pas encore comment mais ça se fera. Ça se passera. Je veux que ça se passe et ne pas être une chose fébrile et anxieuse comme je l’ai hérité du monde. Être respecté commence évidemment par parvenir à se respecter, pas vrai, me diraient les chantres du développement personnel de mes deux ? Tâche ardue, pas vrai ? J’ai longtemps cru que le courage était de se mettre en difficulté. Je le confondais avec l’épreuve. Mais quand on n’a rien appris, les confusions sont légion pour une tête qui cherche à mettre les choses d’aplomb. Et ils sont contents d’eux ces couillons d’artistes ! Aimer l’autre parce qu’il vous aime est la première des lâchetés. Vouloir plaire pour être aimé est la seconde. Il ne faut pas en demander plus à la nature humaine qu’elle ne peut donner. L’amour ne se construit pas. Tu m’emmerdes avec tes valeurs d’amour qui se construisent. Qui s’occupe de ma colère ? Tu t’en occupes toi peut-être ? Gérer sa prostitution aux autres et aux sociétés, c’est ça le sujet de la vie sociale. Tout le monde se défend de se prostituer alors que tout le monde vit sous la contrainte, agit sous la contrainte. Sexe et société – images. La vie de couple est une infection mortelle pour l’individu. A force, il devrait bien le savoir. Je parle parce que vous ne vous taisez pas. Y a des hauts. Y a débat. Seuls ceux qui voient ont des raisons de craindre. Le bénévole semble être devenu l’étoile jaune pour les petits nazis de pôle emploi. Les médias font les célébrités. Les politiques font les images du monde. Et parfois la musique fait du bruit. Et parfois la parole pollue. La poésie est ce qui reste quand l’efficacité a disparu. L’efficacité est ce qui reste lorsque la poésie a disparu. Traité comme un spam indésirable. L’expérience de la compréhension et de la douceur ?! Hum hum ! C’est parce qu’on est culpabilisé qu’on pense à mal. La culpabilité génère la violence. L’inverse ? On veut simplement faire partie de ce groupe d’humain qui vit sur terre. Ou pas. Cliché non vérifié : les femmes sont belles. Ah ah ! Ben assieds-toi 5’ dans la rue et dis-moi si tu croises Grace Kelly ou Greta Garbo. C’est ça la vraie bonne misogynie, c’est de dire comme un abruti convenu que les femmes sont belles. Mais attention, faudrait aussi que les filles n’y prennent pas tant de goût et l’entretiennent, cette flatterie d’être réputée jolies, parce qu’au fond ça fait plaisir quand même un peu. 2ème connerie : la beauté est ailleurs (ça c’est ce qu’on dit lorsqu’on ne la trouve nulle part) et même les vieux sont beaux. Ben vas-y, baise la ta grand-mère. Tu veux d’abord être épaté.e pour ensuite t’intéresser aux détails. La nuance n’est jamais pour tout de suite. Grossièreté et idolâtrie main dans la main. C’est ça ta vision de l’art, de la vie et du fort et du beau. Le choc, bien compris tout de suite, comme tu manges un sushi et puis on passe à autre chose. Autre choc, future communication de ton déguisement de vie. Waouh tu ressens ! Quel talent tu as ! Mais dans la vie, en fait, non. Finalement, pas trop dans la vraie vie. Les accidents de la route, les ruptures violentes, les explosions dans le métro, les coups de poings dans ta face, là tout de suite, on est moins fan. Tu veux pouvoir te révolter et crier « Ça me touche ! Regardez-moi, je suis là, je réagis, je vis encore ». Allez ! Saute hors de ta tombe vieux roué, vieille bique et viens nous raconter une de tes histoires, à mourir d’ennui. Debout ! Désolé mon rôle n’est pas de lécher le cul de la douleur. Qu’est-ce qu’un artiste bon dieu ? Pas là pour réaliser ton fond d’écran, ni pour décorer le salon de ta pensée conviviale. Tombe raideur. Oui figues ! Oui figues ! L’arbre fruitier connecté meurt de trop avoir donné.

Appel d’urgence : Nous savons de sources sûres qu’il existe encore beaucoup d’auteurs et de metteurs en scène qui font du théâtre, disséminés dans divers endroits stratégiques où ils ont été placés, pareils à certains vétérans japonais ignorants la fin de la guerre et toujours à l’affut trente ans plus tard dans des iles des Philippines. S’il vous plait, aidez-nous à les retrouver pour leur bien et surtout pour le nôtre. Éteignez vos téléphones de merde et surtout, bon spectacle.

Il n’y a pas que le diable qui soit dans les détails. Ding dong ! Quelle sonnerie la guerre ! L’art ne répond plus. Dis donc vieille chose, quelle place dans la nature reste-t-il pour toi ? Âge, parcours et prétention… va savoir. Lire ou voir, entendre les poètes, les artistes, m’afflige plus que tout autre chose, comme autant de preuves trop évidentes de leur impuissance. Allez, débats-toi avec tes petits bras ; tu ne m’en diras surement pas des nouvelles. Émotion, ravissement du choc ; parfois tout finit en divertissement. Eh oui, la vie sera toujours plus intéressante, c’est connu. Inversion des proportions ; grosse proportion des inversions. Contenu des valeurs en remplacement de la valeur des contenus. Vas-y donc. C’est comme ça. Ah oui, citoyen évolué, parle-moi encore de ton même pas peur, de tes grands messes antidouleur, déni grotesque des menaces guerrières et de toutes les menaces d’ailleurs. Malheureux insoumis qui ne sait que se soumettre. Fantoche, histrion. Quand tueras-tu ton premier gibier ? Quand nous ramèneras-tu ton premier trophée, comme l’individu primitif que tu devrais être ? Peut-être sera-ce la tête d’un candidat à la présidence ou celle d’un directeur d’agence, d’agence de quoi ? On ne sait pas, maintenant que prospèrent des agences de tout et surtout de n’importe quoi. Agence de voyage, agence pour l’emploi, immobile hier et de même aujourd’hui, agence C. Bastien back dans les bacs… prochainement… de retour sur vos écrans ! Un artiste, ça ne pactise pas avec la société, vois-tu. Ça la contourne, ça la ponctionne et ça la tue ; ça la rend exsangue. Sans quoi à quoi bon tout ce mal pris et donné, à battre d’autres sentiers ? Encore faut-il qu’il les battent, les abattent. C’est à bout portant qu’un artiste doit tirer. Sans crier gare, sans s’excuser, sans désir secret d’être pardonné. Tout le reste n’est que complaisance. Mais il doit le faire en sourdine. En étant sûr, comme une certaine guêpe le fait à l’araignée, de piquer et pondre à l’endroit de la fragilité où la peau sociale est la plus tendre, plus prête que partout ailleurs à se rompre. Oh yeah ! Ainsi équipé, un primate un peu habile, un bricoleur simiesque, un singe tout simplement savant, appelons-le ainsi, plutôt qu’artiste, mot atroce qu’il nous faut bannir, trop empesé de la lourdeur des autres, de ceux qui ignorent tout, qui voudraient définir et nommer l’indicible ; eh bien ce singe peut curieusement avancer là où les autres stagnent. Et pourtant les autres pourraient ne pas être autres s’ils le souhaitaient ; s’ils en avaient la toute petite audace. Et alors, ce serait vrai peut-être de dire alors alors que tous pourraient l’être ; que tous le seraient, cet artiste simple et complexe qui sommeille. Car qui donc vaut mieux, hein, que cet être là ? Pourtant, certains ne le sont pas, ne le seront jamais puisqu’ils ont choisi de ne pas écouter la vie qui les anime tout bas. Mais je ne leur en veux pas, malheureux pantins de bois. Non, lui, le gars, la fille qui bricole, sont des errants pour de vrai, des mercenaires pour rire, des je ne sais quoi de tout ça, qui doivent s’efforcer de tromper non pas « leur monde », qui ne sera jamais le leur, mais, bien l’autre ; celui qui se dit « monde ». Un bel usurpateur celui-là, une machine grandissante qui dicte à chacun sa conduite et ce, pour le bien d’un grand tout hypothétique, auquel jamais tu n’appartiendras, toi qui te rêves un peu moins lâche et sinistre que les autres. Un peu de hauteur nom de dieu, merde humaine ! Arrête de trafiquer ta vie comme le moteur d’une vieille bagnole qui peine à démarrer. Alors, ton même pas peur, il est surtout même pas vrai, infantile ami.e vexé.e d’être baladé.e par le politique comme la quantité négligeable que tu es. Défenseurs de près carrés, banalités par charrettes entières ; la vie plus forte que la mort… mais oui, mais oui. Dis-le encore. Crie-le plus fort. Société de cons-sans-sommation ; pourquoi voudrait-on y appartenir ? Pour la servir en boniments ? Mais chacun a la haine chevillée au corps, voyons ! Non la vie n’est pas la plus forte. Elle est juste la somme de ce que nous sommes capable de faire, la vie, ni plus ni moins. Elle est même loin d’être la plus forte, la vie, un jour soudainement limitée par sa fin annoncée. La menace de mort plane ; non depuis la naissance, mais depuis la conscience, à la manière exacte de celle qui se profile dans nos esprits via les terrorismes de tous poils qui s’amusent à faire peur à tous et en premier lieu à eux-mêmes. Mieux vaut devancer la mort que de l’attendre, pas vrai ? C’est tellement plus héroïque. Ainsi programmés, certains plus impressionnables que d’autres, la trouvent moins effrayante. La mort naturelle est un terrorisme en soi et sa traduction concrète, un attentat à l’insouciance de nos vies. Dans tous les cas de figures, attentat au pire, cher petit tamis. C’est à travers tes mailles trop lâches que le système te broie. Et le système c’est toi, c’est moi. C’est comme une chanson d’amour, tu vois. Et comme le citoyen eunuque, terrassé par son impuissance, même pas peur nous dit aussi l’artiste pitoyable. Même pas peur de rester anonyme. Même pas peur de vivre en cloporte rampant le long des murs des institutions. Même pas peur de jouer le sage vertueux faisant mine d’avoir fait le tour des choses humaines. Eh oui, j’en suis toujours à regretter le manque d’efficacité du ridicule pour tuer l’insouciant imbécile imbu de naïveté. Mais là, j’entends déjà le ressort égotique me crier « mais c’est justement là qu’il est blablabla… touchant blablabla… beau blablabla… sensible… fragile… blababla ». Mais oui, mais oui. Essaie encore commentateur Facebite. Plus tu te débats, plus tu accentues la misère et l’engluement de tes pauvres forces chéri chérie. Après tout, qu’est-ce que cela peut nous faire ?  Et pourquoi s’échiner ? Pense et dis ce que tu souhaites, mais surtout ne me distrais pas ; je ne veux pas me distraire ; je veux voir ce qui est, ce qui se passe et ce qu’on fait, ici, partout, ailleurs. Combien tout le monde est formidable dans sa quête de bonne humeur. Longue vie aux vélibs et aux repas de quartier ! Le roi est nu pourtant, non ? Heureusement pour lui, le roi n’était déjà qu’un mendiant. Solidarité de principe. Désolé, cette fois c’est moi qui ne te suivrai pas. Marre de t’épargner mon petit beignet. Ma civilisation vaut mieux que ta culture. Dissociation totale globale absolue de mon corps et de ton éthique. Rien à voir. Avec toi. Rien à dire sinon ce qui ne sera jamais pour toi que mon incohérence et, toujours à mes yeux, une poésie intacte réagissant à ton monde. Alors, je t’en supplie, surtout ne me comprends pas. Si tu savais comme ça me barbe de t’écrire mais c’est le seul chemin ; il n’y a rien d’autre à faire pour te soumettre. Et c’est là mon unique désir. En général, trois étoiles et toujours pas de nom pour me nommer. Noir. Carton noir. « Si a 50 ans un tyran n’a pas fait plusieurs millions de morts, c’est qu’il a raté sa vie » disent ces gars-là. Adolphe i tolère. Mais jusqu’à Caen ?

Evolution d'une cellule qui dégénère en paix vers une forme globule | Technique mixte, papier et numérique © David Noir
Evolution d'une cellule qui dégénère en paix vers une forme globule | Technique mixte, papier et numérique © David Noir

Dégénère en paix (bis)

The David Noir Poupées Branl' Show !

David Noir

David Noir, performeur, acteur, auteur, metteur en scène, chanteur, plasticien, vidéaste, bricoleur sonore, enseignant... trimbale sa nudité polymorphe et son enfance costumée sous le regard et aux oreilles de qui veut voir et entendre.

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