Idole de cacao, mon phallus devient comestible pour qui peut en sucer le sens
PARQUES – MODE D’EMPLOI – partie 4
2 phases pour le deuxième groupe de dates. Phase 2:
23 avril : LES CENT CIELS D’UN MONDE VIVABLE 2
J’ai indiqué sur le site:
Marelle – Terre, enfer, ciel
pseudo solo par David Noir & Co
Tout seul ou presque, je cherche le chemin du retour. Elle semble inaccessible cette zone là de ma tête ? Et si je passais par la tienne ? Tu me regardes comme un chevreuil lors d’une chasse à courre. Sois gentil, cette fois, ne tire pas.
Comprendre ce que l’on fait est une limite indépassable.
Ces pseudo solos sont pour moi une belle occasion de surtout ne pas tenter de le faire. Il aurait été facile que je me produise seul, comme je l’ai fait auparavant lors de la création des premiers épisodes de La Toison dort. Non que je n’aimerais pas reproduire l’expérience dans d’autres circonstances, mais « réduire » à une simple prestation spectaculaire bien encadrée, l’opportunité qui m’est donnée d’habiter pour quelques temps un espace comme Le Générateur, m’aurait semblé une erreur de fond, pour ne pas dire une stupidité. Il n’y a pas que son immensité qui est en jeu et la difficulté de « l’occuper » en solitaire (j’exclus ici toute idée de reproduire au cœur d’un tel espace une fausse scène de théâtre ; n’importe quel hangar ferait l’affaire en ce cas). Bien au-delà de ses murs, (j’ai déjà eu à plusieurs reprises l’occasion d’en parler dans ce blog), c’est sa vocation à destination de la performance et de la création contemporaine, telle que voulue par sa conceptrice, qui impose d’y réfléchir à deux fois sans s’y précipiter la tête en avant. Le Générateur offre naturellement des défis à qui veut s’en emparer. Libre à ceux ou celles qui s’y produisent de ne pas s’en soucier. Pour ma part, quand j’ai la chance d’être nez à nez avec un sphinx, je compte bien au minimum, tenter de faire le tour de l’énigme qu’il pose. À quoi bon s’intéresser aux arts vivants, si c’est pour trimballer sa création misérable comme un camelot, de foire en foire, sans jamais être effleuré par l’idée de reconsidérer sa conception autrement que pour la faire entrer dans les contraintes de la boîte. Il faut se souvenir que le théâtre, quelle qu’en soit la forme, c’est d’abord un bâtiment.
La scène est une affaire physique où le concret des matériaux, du sol au plafond, joue un rôle à équivalence avec tous les autres qui vont évoluer sous son influence.
Ne pas se pencher sur cet aspect des choses en priorité, me semble aujourd’hui une raison suffisante de demander aux metteur.euses en scène de tout poil qui ont l’ambition de penser le rapport au public sans considération pour le problème, d’aller repasser leur bac de créateur.trices. Est-ce une façon de l’aborder, ce fameux public, en lui demandant encore et toujours de fermer ses écoutilles vis-à-vis de l’environnement dans lequel il va entrer en perception des choses ?
Ah la célèbre magie de la boîte noire et des pendrions ramasse-poussière !
En ce qui me concerne, je n’ai pas 5 ans et demi, et quand je suis quelque part je regarde ce qui se passe autour. Pas besoin d’être Ulysse pour échapper aux chants des sirènes de la ringardise n’ayant de cesse de nous hululer « Ouh ouh ! Par ici, laisse-toi enivrer par la beauté mystérieuse du décor qu’on t’a confectionné ! Ouh ouh ! Sens-tu l’émotion déferler dans ton cœur d’enfant devant cette loupiotte de 650 watts braquée sur ce visage grave et concerné ? Ouh ouh ! Fascination, fascination ! Par ici, par ici… Comment, tu regardes en l’air ?! Tu fouilles, agacé, le nez dans ton sac pendant le rituel du spectacle ?! N’as-tu donc aucune sensibilité à la poésie qui se divulgue devant tes yeux qui devraient s’émerveiller de bonheur , qui sonne à tes oreilles baignées de la profondeur des mots ? »
Eh ben, non ; sans doute pas.
Désolé madame, je reviendrai p’t êt’ une aut’ fois.
« Merde, alors » me dit la fée Mise en scène. « T’es drôlement gonflé. On se met en quatre pour te faire retrouver ton âme d’enfant, pour te faire réfléchir à travers les labyrinthes mystiques de la nature humaine, pour mettre du baume sur tes douleurs de mal aimé ; et toi… mon cul ! T’es un peu difficile, mon p’tit père !»
Oui, oui ; ça doit êt’ ça. L’ennui, la plupart du temps, est que ce qu’ils ont à me dire, les braves artistes, je le sais déjà ; j’y ai déjà été par mes propres moyens. Claudiquant, perdant mes bagages, m’y retrouvant finalement ; j’ai déjà visité la région. Y’a comme un air de déjà vu. Prétention sans fondement ? Libre à quiconque de le penser. C’est ainsi que ça m’arrive, voilà tout. Je n’aurai donc en tête, lors de cette deuxième phase de pseudo solo, que d’échapper à la compréhension de ma motivation à être là sous vos yeux – sans doute loin de vos yeux, à fuir le prédateur spectateur avide de bonnes histoires construites, pour m’échapper dans la tourmente d’une incessante marelle menant de la terre au ciel et du ciel à l’enfer.
Fuir, fuir, fuir, la nuit du chasseur, la quête du bon samaritain se voulant mon prochain. Expérimenter la présence à distance d’autrui. Se cacher tout en étant bien là, me glisser dans les murs. Faire corps avec un espace qui clame haut sa force de parvenir à être, sans nul besoin que rien n’y advienne. C’est ce que je ressens dans l’enceinte du Générateur, qui porte son nom comme un blason à gloire de l’autosuffisance bien vécue. Rien n’est besoin qu’il s’y passe pour que son mystère existe. « Viens donc me prendre », dit-il.
Nous essaierons, ensemble peut-être, de ne rien gâcher de ce qui émane de cette église sans religion, par nos agissements de fourmis.
C’est aujourd’hui, à la fois lundi de Pâques et le 1er avril.
Ni poisson, ni blague, ni lapin, mon sexe en chocolat, phallus pour un public cannibale, s’affiche sur cette page comme un symbole totémique de la présence que je désire incarner dans ce lieu
déjà sanctuaire mythique à mes yeux d’interprète.
Une douceur virile et sucrée, évocatrice dans ses formes et hautement calorique pour le sens et les sens ; un témoin du contact des replis de ma peau que vous pourrez glisser sous vos langues. Modeste idole de cacao, je la donne en réponse à l’énigme du sphinx, comme on place un cierge allumé, droit devant son autel.
Fort et doux pour pénétrer ton antre, je n’ai pas d’arrogance à m’avancer ainsi, mon offrande sacrée à la main pour honorer ton rituel, Ô dieu Générateur.
J’écris avec ma bite et signe mon passage en ton ventre fécond d’une entourloupe gustative qui vaut bien toutes les représentations de l’Odéon ou du Rond-Point où, petit doigt en l’air, on soupire d’aise devant les spectacles, comme en ingurgitant une goulée sirupeuse du bon chocolat pour pédés et vieilles dames de chez Angelina.
« Ah la spiritualité du théâtre ! » me susurre d’aise la bonne fée Mise en scène. « Tu ne sais pas ce que tu rates. »
Sans doute, sais-je ce que je gagne à me répliquer en clones phalliques, réclamant la dévoration plutôt que l’adoration. Aussi, ami.e cannibale spectateur.trice, je t’en prie, mange-moi, je suis là pour ça à 95% et sans matière grasse ou presque ; mais jouissant, je l’espère, de la liqueur douce-amère que je fais couler dans ta gorge, n’achève pas le banquet par un rot et en t’applaudissant toi-même d’avoir été si inspiré.e de venir déguster de la culture dans cette cathédrale conviviale.
Elle réclame, de toi également, mieux que ça et je suis curieux de découvrir, quelle sera la petite statuette vaudou, divinité totémique de ton for intérieur, que tu lui confieras de toi.